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Professeur Djuatio Emmanuel Thème : La surliquidité bancaire en zone CFA


Université Populaire du Cameroun Département Sciences économiques et de Gestion Conférencier : Professeur Djuatio Emmanuel Thème : La surliquidité bancaire en zone CFA.

Aujourd’hui, lorsqu’on parle de surliquidité bancaire, les spécialistes de la finance se tournent inexorablement vers la zone CFA. Et pourtant, la situation n’a pas toujours été ainsi. En effet, c’est depuis 1994, date de la dévaluation du Franc CFA que les banques de cette zone sont devenues sur-liquides de façon récurrente. Le paradoxe de la situation est que cette surliquidité contraste avec le sous financement des économies des pays concernés. Bien que les besoins de financement soient conséquents, la mobilisation de l’épargne reste très faible. Ce qui traduit pour les entreprises d’énormes difficultés d’accès au crédit. Et pourtant les banques de la zone sont dans une situation de surliquidité à nulle part pareille. On aurait pensé que ces énormes besoins de financement pousseraient les banques à un laxisme dans l’octroie des crédits, conduisant à des situations d’illiquidité. Il faut noter que si l’illiquidité n’est pas souhaitable, la surliquidité ne l’est pas non plus. L’illiquidité est redoutée par les autorités monétaires dans la mesure où elle est susceptible de créer auprès des déposants un mouvement de panique les conduisant à se ruer aux guichets des banques pour retirer leurs avoirs, générant une crise bancaire avec de graves conséquences sur l’économie. La surliquidité bancaire n’est pas non plus sans conséquences sur la politique monétaire d’un pays. Elle conduit au ralentissement économique et peut engendrer une crise économique. La problématique de la surliquidité conduit à traiter de la liquidité bancaire d’une part et de voir à partir de quand on peut affirmer qu’une banque est surliquide. En réalité, la différence entre liquidité et surliquidité est fonction d’un seuil. Ce seuil n’est pas le même dans tous les pays et varie en fonction de l’activité bancaire. La liquidité bancaire : une situation pas toujours facile à saisir. De nombreux travaux de recherche sur les crises financières de ces dernières années font apparaître deux types de liquidités : – la liquidité de marché – la liquidité de financement. La liquidité de marché renvoie aux actifs financiers (Actions, obligations), détenus par les banques. Cette liquidité mesure la rapidité avec laquelle l’actif financier peut être échangé contre de la monnaie sans perdre de valeur. Elle est donc appréhendée comme la capacité d’une banque à négocier rapidement, sans délai ni perte en capital, un actif non monétaire contre de la monnaie. Nous ne traiterons pas ici de la liquidité de marché. – La liquidité de financement renvoie à la capacité de la banque à honorer les demandes de retrait à court terme des déposants. A partir de ce qui précède, un établissement bancaire est dit liquide s’il dispose de disponibilités, ou de possibilités de mobilisation rapides, permettant de couvrir les exigibilités en fonction des échéances dont les périodes sont souvent inférieures à trois mois. Généralement l’industrie bancaire finance à long terme alors qu’elle mobilise les ressources à moyen et court terme. Ce qui les expose aux demandes court terme de retraits imprévus de leurs clients. Il leur est donc demandé de détenir une certaine quantité de liquidité pour faire face au risque susmentionné. D’où la réglementation prudentielle. La réglementation prudentielle en zone franc Que l’on soit en zone CEMAC ou UEMOA, les autorités monétaires ont, dans le cadre de leur réglementation prudentielle, mis en place des seuils minimums de liquidité appelés « coefficients de liquidité » qui s’imposent à toutes looes banques. Aussi, toute banque qui détient des liquidités au-delà de ce seuil est surliquide. Ce surplus peut être géré de trois façons : – il peut être prêté aux agents économiques (entreprises, personnes physiques, Etat) ; – déposé à la banque centrale – être conservé au sein de la banque. La surliquidité bancaire peut également être estimée par le niveau des réserves excédentaires qui est obtenu par la différence entre les réserves constituées par les banques et les réserves obligatoires. La part de ces réserves excédentaires sur la masse monétaire permet d’apprécier l’importance de la surliquidité. Malheureusement, une telle mesure néglige la part de la surliquidité que les banques conservent elles-mêmes. La BCEAO et la BEAC publient périodiquement les statistiques relatives aux réserves excédentaires constituées par les banques. L’analyse de ces données, permet de dire que le système bancaire de la zone franc est surliquide. En situation de surliquidité, les prêts accordés par les banques sont inférieurs aux dépôts. Ce qui signifie que les banques ne sont pas tenues de créer de la monnaie puisque la totalité de l’épargne disponible n’a pas été affectée à l’investissement. Las banques de la zone franc n’ont qu’un rôle d’intermédiation et ne prennent pratiquement pas de risque. Les causes de la surliquidité des banques en zone franc Plusieurs raisons (Doumbia, 2011), expliquent les causes de la surliquidité des banques en zone franc : – Les contraintes liées à la défense de la parité après la dévaluation de 1994 ; – Les entrées des capitaux : les entreprises tournées vers l’extérieur rapportent les devises. Les envois d’argent par les émigrés travaillant hors zone ; – Les contraintes d’accès au financement bancaire. Les conditions d’octroie du crédit sont dissuasives (taux d’intérêts excessifs). Le faible nombre de banques dans les différents pays ne permet pas une concurrence entre les banques. Les responsables des banques relèvent le manque de projets bancables ; le cadre juridique peu protecteur du banquier ; le développement d’emprunt off shore ; Cependant, Lefilleur (2007), montre que les banques d’origine étrangère (70%), sont plus frileuses et leur poids dans le financement des entreprises locales appartenant aux locaux est moins prégnant que celui des banques locales qui ne représentent que 30% du secteur. Ce qui met à mal, l’argument selon lequel, la surliquidté s’explique par le manque de projets bancables. Enfin, les difficultés imposées par les normes comptables contraindraient certaines PME à rester dans l’informel et à ne pas recourir aux emprunts bancaires. – L’apparition des marchés financiers et les dettes souveraines. Depuis l’avènement du marché financier (Bourse Régionale des Valeurs Mobilières en Afrique de l’Ouest ; Bourse des Valeurs Mobilières de l’Afrique Centrale et Douala Stock Exchange), une partie de la surliquidité des banques est utilisée dans l’achat d’obligations d’Etat, plus sûres et plus rémunératrices. A la lumière de ce qui précède, la surliquidité des banques en zone franc est une véritable anomalie dans la mesure où on se trouve dans un ensemble pauvre dont les dirigeants clament haut et fort leur volonté d’aller vers l’émergence. Or, comment devenir des pays émergents si les banques majoritairement étrangères refusent de financer l’économie ? Doumbia S., (2011), « Surliquidité bancaire et sous-financement de l’économie » Une analyse du paradoxe de l’UEMO, Revue Tiers Monde, n°205, PP 150-170. Lefilleur J., (2007), « Le financement des PME en Afrique sub-saharienne : contraintes et perspectives de développement », Horizons bancaires, n? 332, pp. 67-74.

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